Enchantement
« Enchantement » fut le premier retour au printemps 23.
Quelque chose de durable a eu lieu, en août 18, ancien et sourd et lent. Je m’achetai Soho, de Richard Scott, chez Foyles, à deux détours de la « dank-scented potagerie », avec impatience et envie, et le rapportai vers Gordon Square. Le recueil devait s’instiller en moi au fil des semaines et réveiller des sensations passées. Sans doute, il me déclara : « Tu me suivras. » et Richard fit le reste. Comme un baptême qui guérit la plaie et la dispersion, la rencontre a abouti au triomphe d’une chair nouvelle sur une chair longtemps stérile. La geste a été séminale et le demeure : après les lectures, il y eut une traduction, et, progressivement, ont fleuri des mots et des vers, un salut à la manière de l’enchantement du Vendredi saint qui couronne l’abondante excursion de Parsifal et qui se cache, peut-être, parmi le septuor de Vinteuil.
« Enchantement » fut le premier retour au printemps 23, que Verlaine, dans la lignée de Richard, nouveau Parsifal, ne pouvait manquer d’accompagner, de même que Wagner ; il lui revient la place initiale.
Enchantement « and I opened my mouth to sing » (Richard Scott) « Et, ô ces voix d’enfants chantant sous la coupole » (Paul Verlaine) Accroché aux piliers de mes jambes, demeure avant que je ne les lie les bras en croix, bois jusqu’à la lie ma salive & vois, sainte, ma hampe ! Tel fut dit à un cœur qui se lamente. Regarde ! Sur les rives du bassin déambulent les si fols Garçons que brûle la luxure amusante, & puis, dans les buées de citrus, contre la mosaïque, un seul Homme rit de sa ruse & danse comme mille emprisonnent ce cœur ; les lys joyeux débordent les vestiaires sur le leurre des pelouses, tel va intoxiquant un virus, miel qui enchaîne au cortège éphémère. Goûte au calice de mon aisselle si fleurie, plonge en moi & contemple la prairie vraie, sa robe d’or ample où resplendira le Sang réel. C’est l’extase langoureuse &caetera, c’est les bouquets profus de son palais parmi le baume lucide étalé sur la langue meurtrie. Tu me suivras. Ainsi commande le chevalier en surplomb, de son vitrail aux teintes diaprées ; la voix qui en jaillit tinte comme ses masques vont ondoyer & laver l’âme élue & soumise que, lui, le vainqueur, a mise à nu. Sur la scène festive est venu le puissant crescendo : Je baptise ta ferveur par une onction immense dans mon jardin riche en friselis de roses qui chantent l’hallali : Flanc, lèvre & front offerts sous ma lance !


